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PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIIe SIÈCLE 287
Si les vingt-quatre tentures qui viennent d'être énumérées, composant un total de deux cent dix-sept tapisseries, ne sortent pas toutes des galeries du Louvre, cet atelier peut en revendiquer au moins une bonne partie. Plusieurs de ces suites existent encore, en tout ou en partie, dans les magasins du mobilier national. En étudiant avec soin leurs caractères particuliers, leurs marques, leur exécution, on arriverait sans doute à fixer la question délicate de leur origine.
Les modèles d'un certain nombre de ces tapisseries avaient été fournis, comme on vient de le constater, par les peintres ordinaires du roi: Henri Lerambert, Laurent Guyot, Antoine Caron, Guillaume Dumée. La difficulté que les tapissiers flamands éprouvaient à se procurer de bons modèles n'avait pu échapper à la vigilante sollicitude du roi de France; aussi avait-il pris des précautions pour que ses protégés fussent pourvus de dessins appropriés à leur destination. À cet effet, un des peintres du roi, en titre d'office, fut spécialement chargé du soin d'approvisionner les ateliers parisiens.
Henri Lerambert occupa le premier la charge de « peintre pour les tapisseries du roi ». On lui doit, ainsi qu'on l'a vu, Jes cartons de la tenture de Saint-Merri; il exécuta, avec Antoine Caron, les modèles del' Histoire d'Artémise. Après sa mort (1609), un concours fut ouvert entre les peintres prétendant à sa succession. On proposa comme sujet de concours les scènes du Pastor j'ido. Un certain nombre d'artistes en réputation prirent part à la lutte. Le brevet, en date du 2 janvier 1610, qui constate la victoire de Laurent Guyot et de Guillaume Dumée, cite encore Gabriel Honnet et de Hery. La tenture du Pastor fido figure dans l'inventaire des tapissiers du roi; on a vu qu'elle ne comptait pas moins de vingt-six pièces, attribuées indistinctement à Guyot et à Dumée. La même collection renfermait aussi une suite des Rois de France, de Guyot; malheureusement cette suite parait aujourd'hui perdue. Félibien attribue au même artiste VHistoire de C ortolan, dont l'inventaire de Louis XIV fait honneur à Lerambert.
Une série dont l'attribution ne donne lieu à aucune incertitude est l'histoire de Gombaut et de Macée, immortalisée par un passage de Molière. Il est démontré aujourd'hui que l'auteur des sujets avait emprunté la donnée et les scènes de cette idylle champêtre à des compositions du xve siècle, dont nous avons signalé récemment une traduction gravée sur bois sous le règne des derniers Valois.
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